Paroles
"Nous n'avons pas le temps d'attendre. La perte de la biodiversité, la perte de la nature, est à un niveau sans précédent dans l'histoire de l'humanité. (...) Nous sommes l'espèce la plus dangereuse de l'histoire mondiale." 

Elizabeth Mrema, Secrétaire exécutive de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique



Inspiré par une rubrique de la revue "Nat'Images", j'ai eu envie de relayer toutes sortes de propos concernant la nature au sens large du terme. Certains proviendront de cette revue, d'autres de lectures, de documentaires, ainsi que d'anonymes que j'ai rencontrés au cours de mes excursions. On y retrouve journalistes, scientifiques, politiques, et bien sûr, photographes. Si le diction dit vrai et que la plume est plus forte que l'épée, peut-être certaines paroles toucheront leur cible et permettront de changer les mentalités, et surtout, donner l'envie d'en savoir plus. Car je n'écris pas cette rubrique par fatalisme ou cynisme, mais par espoir que les consciences de chacun évoluent, seul et unique moyen pour sauver la nature dans son ensemble, nous y compris. C'est nous qui détenons le pouvoir, pas ceux qui décident de nous maintenir endormis.




"Ces 5 dernières années, l’étude de la gente ailée s’est intensifiée. Les scientifiques ont fait des découvertes enthousiasmantes. Le monde des oiseaux est encore bien plus complexe qu’on ne l’imaginait. Ce sont vraiment des créatures extraordinaires. Mais les recherches récentes révèlent aussi l’immense tragédie qui est en cours. En quatre décennies, 600 millions d’oiseaux ont disparu en Europe, soit 20% de leur population, et tout indique un déclin comparable sur les autres continents. (…) Mieux nous connaissons les oiseaux, plus il apparaît que l’activité humaine a un impact dévastateur sur leur mode de vie et leur survie. Pour quelques espèces qui réussissent à s’adapter, des millions d’autres déclinent inexorablement. Si nous ne modifions pas nos habitudes, de nombreuses espèces sont condamnées à disparaître, et nous priverons les générations futures du chant et du charme des oiseaux."

Documentaire "Les Oiseaux - Champions des airs" (Arte – 2022)



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L’environnement, c’est quoi ? C’est ce qui environne les humains, donc c’est toujours très anthropocentré. Faire de l’écologie, de l’écologie scientifique j’entends, c’est comprendre que les humains sont des éléments au sein d’une chaîne beaucoup plus large."

Philippe DESCOLA, anthropologue (propos lus dans la revue Nat'Images n°70)



"Moi, je suis environnementaliste, mais j’ai toujours un peu de mal à utiliser ce terme d’environnement parce que la notion d’environnement renvoie à quelque chose qui nous entoure. Cela veut dire qu’on fait une différenciation entre les humains d’un côté et le reste de la nature de l’autre."

Aurélien BOUTAUD, docteur en science de la Terre et de l’environnement (propos lus dans la revue Nat'Images n°75)



"L’adaptation de nos territoires passe par celle de nos manières de concevoir nos relations avec le vivant – incluant notre espèce – et la nature. Sa réussite dépend de notre capacité à ne plus nous laisser entraîner sur les deux pentes fatales de notre modernité, l’avidité et le cynisme." 

Jérome FENOGLIO, directeur du Monde (propos lus dans la revue Nat'Images n°81)




"D’un côté, les élites nous répètent qu’il y a urgence sans mettre en œuvre des actions à la hauteur de cette urgence. De l’autre, un bruit de fond est entretenu sur le mode « Il est déjà trop tard, il n’y a plus qu’à s’adapter, la fin de la civilisation est fatale ». Ces deux discours se conjuguent pour nous envoyer un message consistant à dire qu’il n’y aurait pas vraiment de raison de changer, ni ses comportements ni le système. Or évidemment, on ne peut pas se permettre de rester passif face à une telle situation d’urgence. En matière de climat, la solution n’est ni dans le fatalisme ni dans le rassurisme."
 
Géraud GUIBERT, président de la Fabrique Ecologique (propos lus dans la revue Nat'Images n°80)



"Les milieux humides, à l’échelle mondiale, sont fortement menacés et ont disparu à un rythme assez effréné. On considère que 40% des milieux humides ont disparu entre 1970 et 2015. Pour donner un ordre d’idée, en gros on est à un rythme trois fois supérieur à celui de la déforestation."

Cécide DIAZ, chargée de projets et coordinatrice du Pôle Milieux Humides Bourgogne (propos lus dans la revue Nat'Images n°70)



"Dans une forêt tropicale équilibrée qui n’a pas été fragmentée, tous les agents pathogènes hébergés par les animaux qui y vivent opèrent à bas bruit. Et quand on casse cet équilibre en faisant disparaître les gros mammifères, les prédateurs disparaissent avec eux. Or ces prédateurs se nourrissent de rongeurs, qui sont le premier vecteur d’agents pathogènes, avant même les primates et les chauves-souris. Si on préserve l’intégrité des forêts, tout se maintient à bas bruit : si on la déséquilibre, c’est une véritable bombe biologique."

Marie-Monique ROBIN, journaliste d’investigation (propos lus dans la revue Nat'Images n°67)



"La biodiversité n’est pas un enjeu secondaire à traiter après la crise de la Covid-19 et le retour hypothétique du monde d’avant. (…) Il n’est pas possible de garantir une humanité en bonne santé sur une planète malade. Notre santé et celle des animaux et végétaux domestiques sont soutenues par un monde sauvage sain et une planète saine."

Gilles LANDRIEU, ingénieur des ponts, des eaux et des forêts (propos lus dans la revue Nat'Images n°68)



"Notre cerveau de primate est pareil à celui du macaque, il réagit de la même façon : il veut toujours plus, plus de cacahouètes, de chips, de hamburgers, de téléphone. Mais simplement le macaque, lui, ne détruit pas sa planète parce qu’il n’a pas un cortex cérébral capable d’inventer des algorithmes, des moteurs à explosion, etc. C’est ça la grosse différence et c’est pour ça que l’être humain est une espèce mille fois plus dangereuse que toutes les autres."

Sébastien BOHLER, docteur en neurobiologie moléculaire (propos lus dans la revue Nat'Images n°71)



"Nous avons tous un oligarque russe en nous, une partie de nous-mêmes qui se sent morte et vide et qui ne cherche pas la vie au bon endroit. Qui s’échappe dans des plaisirs futiles, qui n’arrive pas à savourer les choses simples. Nous avons tous cette part d’ombre en nous car nous sommes emmaillotés dans une civilisation qui a oublié les sentiers de la vie. Et qui, dans sa fuite éperdue vers la mauvaise direction, abîme le monde. Abîme les autres vies précieuses." 

Sandrine et Matt BOOTH, photographes naturalistes (propos lus dans la revue Nat'Images n°74)



"On vit dans un monde qui exacerbe la compétition entre les pays, entre les gens, entre les entreprises. A l’école déjà, il faut être meilleur que les autres. C’est la loi du plus fort, c’est la loi de la jungle. C’est la loi de la nature, croit-on… et en fait, c’est faux. Si vous observez bien la nature, et la science nous le montre de façon extrêmement claire depuis une vingtaine d’années, la compétition est importante certes, mais il y a une autre force plus importante encore et qui est à l’origine de toutes les grandes inventions sur Terre : c’est l’entraide, la coopération, l’échange, la symbiose." 

Julien PERROT, fondateur et directeur de la Salamandre (propos lus dans la revue Nat'Images n°80)



"Pour fabriquer une puce, il faut plus de sous-traitants que pour fabriquer un Boeing 747. Et elle a proportionnellement l’impact matériel le plus grand qu’on ait pu calculer : il faut 32 kilos de matière pour une puce de 2 grammes, soit un ratio de 160000 pour 1 ! J’ai notamment été frappé par la consommation d’eau des usines de fabrication de puces électroniques. En plein sécheresse à Taïwan, il a fallu l’acheminer par camions-citernes. Un ancien ingénieur du secteur m’a parlé franchement : tout ça pour prendre des selfies…" 

Guillaume PITRON, journaliste, spécialiste des matières premières, auteur de l’Enfer au bout d’un like (propos lus dans la revue Nat'Images n°71)



"Ce 2 août marque cette année le jour du dépassement. Malgré les engagements pris par nos décideurs, les rencontres internationales et COPs qui se suivent, la date du jour du dépassement ne recule pas et nous continuons à creuser cette dette écologique. Notre modèle actuel est basé sur la prédation de ressources naturelles : l’exemple de l’eau douce le montre bien. Le risque de manquer un jour d’eau est croissant dans beaucoup de territoires, pourtant aujourd’hui dans le monde, 70% de cette ressource est prélevée pour la production alimentaire, et surtout les céréales qui nourrissent le bétail. On sait que notre modèle agroalimentaire actuel est une cause majeure du jour du dépassement. Nous ne pouvons plus nous cacher et attendre que le jour du dépassement avance encore. Nous avons les solutions, notamment l’agroécologie, les solutions fondées sur la nature et la végétalisation de notre alimentation. Il est grand temps de les mettre en œuvre !"

Yann LAURANS, directeur de la biodiversité terrestre du WWF France 



"Ça fait 40 ans que je viens ici, que je vois la population d’oiseaux décliner d’année en année. Ce que vous voyez aujourd’hui n’est rien par rapport à ce qu’il y avait il y a encore 20 ans."

"Avant, il suffisait d’attendre la tombée de la nuit pour voir des renards et des cerfs, plus maintenant…"

Des photographes que j’ai rencontrés dans la réserve de la Brenne



"Ici, on voyait plein de grues cendrées pendant la migration, jusqu’à ce que les chasseurs arrivent avec leurs chiens et les fassent fuir."

Un promeneur que j’ai rencontré dans la réserve de la Brenne à propos d'un panneau qui indiquait fièrement la présence annuelle des grues cendrées



"On était très peu à connaître cet endroit il y a 20 ans, il y a avait des dizaines et des dizaines de guêpiers, maintenant, avec les réseaux sociaux, les photographes sont toujours plus nombreux et il y a de moins en moins d’oiseaux chaque année. Et les associations de défense de l’environnement ne font rien, il n’y a que la Loire à vélo qui intéresse les élus." (
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Un photographe désabusé que j’ai rencontré sur le bord de Loire



"Dès l’Antiquité, les philosophes grecs ont expliqué que l’excès d’ébriété devait être régulé. La sobriété n’est pas une norme à négocier : c’est la condition de notre adaptation aux limites planétaires."

Bruno VILLALBA, politiste et professeur de science politique (propos lus dans la revue Nat’Images n°80)



"Le drame du ravage des océans, c’est qu’il n’est pas toujours photogénique. Prenons un bateau, minuscule et fragile à la surface de l’eau. Il faut faire l’effort mental de se représenter les filets d’une centaine de kilomètres de long et plusieurs centaines de mètres de large qu’il traîne sur les fonds, labourant en une seule journée de travail l’équivalent d’une ville."

Claire NOUVIAN, militante écologiste et fondatrice de Bloom (propos lus dans la revue Nat’Images n°81) 



"On ne gardera pas la biodiversité en sauvant les espèces une par une. C’est un équilibre dynamique, c’est comme un vélo, c’est en bougeant qu’elle se maintient, et si on essaie de la figer, on ne fera rien de bon. Si vous figez un vélo, vous le faites tomber."

Pierre-Henri GOUYON, biologiste spécialiste des sciences de l’évolution (Emission "Arrêt sur Images") 



"Trop souvent, nous cherchons à protéger des parcelles de la nature sans prendre en compte son langage systémique, ce qui nous conduit à rédiger des lois pour préserver certaines espèces ou certains écosystèmes sans réfléchir aux moyens de préserver l’ensemble." 

Valérie CABANES, écologiste et juriste internationale  (propos lus dans la revue Nat’Images n°75) 



" "Cette bestiole-là, elle sert à quoi ?" C’est le genre de question qu’on me pose quand on a affaire aux insectes. On ne se poserait pas la question avec un lion. Et ma réponse est toujours la même : "A rien, comme vous et moi." Pourquoi ces bêtes devraient-elles servir à quelque chose pour justifier leur présence ? "

Jérôme CONSTANT, taxinomiste à l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique (Documentaire "Insecticides – Comment l’agrochimie a tué les insectes") (propos lus dans la revue Nat’Images n°82) 



"Pour comprendre, nous avons besoin de toucher, de ressentir. Une fois par semaine, avec notre institutrice, on allait dans les bois découvrir les plantes, les animaux et les insectes, apprendre à les nommer, les dessiner. Chaque enfant devrait avoir cette chance, pour mieux apprendre et percevoir combien nous appartenons à la nature."

Nathalie CABROL, directrice scientifique au SETI (propos lus dans la revue Nat’Images n°82) 



"Les gens disent toujours qu’ils ont un problème avec les serpents, et je leur réponds que ce sont les humains qui leur posent un problème. C’est l’habitat des serpents et les humains l’ont envahi, donc les humains posent un problème, pas les serpents." 

Siouxsie GILLETT, herpétologue et chasseuse de serpents (propos tenus dans l'émission "Snakes in the City", se déroulant à Durban en Afrique du Sud)



"L’écologie, que je préfère appeler la planétologie, est le seul combat qui vaille d’être mené et qui puisse réunir tous les hommes puisqu’ils sont tous concernés. C’est la seule véritable cause qui nous reste, tout notre sort en dépend."

Enki BILAL, dessinateur 



"L’instinct de consommation a la vie dure, et pour entretenir cette fatalité, il semble que s’affronteront toujours deux camps, générationnellement liés mais divisés sur les perspectives d’avenir : ceux qui voudront profiter des biens terrestres jusqu’à la lie parce qu’ils leur sont soi-disant dus et ceux qui s’engagent tant bien que mal dans la préservation de ce qui reste à sauver pour les générations futures. A ce titre, il est ironique de constater que l’on a commencé à inventorier les espèces présentes sur Terre au moment même où, porté par l’essor de l’industrie naissante, on s’apprêtait à les décimer."
 
Frédéric POLVET, journaliste et chasseur d'images



"L’astronomie, en nous racontant l’histoire de l’Univers, nous dit d’où nous venons, comment nous en sommes venus à être ici aujourd’hui. L’écologie, en nous faisant prendre conscience des menaces qui pèsent sur notre avenir, a pour but de nous dire comment y rester."

Hubert REEVES, astrophysicien (propos lus dans la revue Nat’images 83) 



"On ne sait pas du tout ce qui se passe dans les abysses. En fait, on fait une industrie d’extraction sur un écosystème dont on ignore quasiment tout. Les conséquences sont donc difficilement mesurables. Mais ce que l’on sait, c’est que les nodules extraits servent d’habitat à la faune fixée, les éponges, les coraux, etc. (…) Or, qui dit coraux, éponges, dit toute la faune qui y est associée, des petits poissons, des crabes, des poulpes… Si on enlève les nodules, on enlève les arbres d’une forêt et donc on détruit tout l’écosystème."

Raphaël SEGUIN, chercheur spécialiste de la biodiversité marine (propos lus dans la revue Nat’images 83) 



"Quand je vais dans des endroits comme le Grand Nord où il n’y a quasiment plus personne, ça me fait un bien fou parce que je me sens serein, apaisé de sentir une Nature qui n’est pas touchée par l’Homme. (…) On a l’impression que tout est à sa place."

Vincent MUNIER, photographe



"Osons dire que nous aimons la nature, les arbres, les animaux, les insectes et les fleurs sauvages. Osons montrer notre tendresse sans avoir peur d’être ridicule. Un rapport du ministère de l’agriculture paru en 2020 s’inquiète face à la montée dans l’opinion publique de la préoccupation de « bien-être végétal ». Cela veut tout dire. Ils n’ont pas envie qu’on se mette à aimer les arbres et à se soucier de ce qu’ils peuvent ressentir. On les embête déjà assez avec le bien-être animal. Ce n’est pas nos arguments qui leurs font peur, mais notre amour. Il pourrait bien faire grincer leurs belles machines de destruction si parfaitement huilées… Et ça, ça nous donne encore plus envie d’aimer !"
 
Sandrine et Matt BOOTH, photographes naturalistes (propos lus dans la revue Nat’images 68)



"Nettoyer la plage avec des machines, comme le font certaines municipalités pendant l’été, est une hérésie totale puisqu’on va retirer tous les éléments et en particulier un écosystème qui est l’écosystème le plus fragile du littoral : la laisse de mer. (…) On y trouve de la matière organique, des algues notamment qui vont stocker le sable et construire des dunes embryonnaires qui feront office d’airbags contre les tempêtes." 

Arnaud Guérin, géologue et photographe (propos lus dans la revue Nat’images 69)



"On nous rappelle sans arrêt qu’il faut choisir entre le progrès et la sauvegarde de la planète. Mais c’est faux. Les villes de ce nouveau millénaire peuvent être alimentées par la nature. Je vais vous dire ce qui est une idée absurde et grotesque : brûler les restes d’anciens êtres vivants pour alimenter la civilisation, tout en sachant qu’en brulant ces restes, vous vous tuez à petit feu ainsi que tout le reste du monde. Regardons les choses en face, c’est comme si on vouait un culte à la mort."

Documentaire « L’institut des fins du monde Ep1, à propos des énergies renouvelables jugées absurdes)



"Maintenant le monde est plus urbain qu’il n’est rural pour la première fois de l’humanité. Je pense qu’on a tous ce sentiment de perte collective de notre connexion à la nature, et la nature nous rappelle cette époque dans notre vie où on se sentait connecté à elle."

James Cameron, réalisateur



"La connexion au sauvage m’obsède. Je me demande continuellement pourquoi les animaux ont peur de nous. C’est abominable comme situation, encore plus lorsqu’on est enfant. L’enfant qui dort encore en moi considère toujours cette peur de manière très injuste. Lorsque l’animal ne nous reconnaît pas comme prédateur et nous dédouane du danger qu’on peut représenter, ça fait un bien infini. C’est le cas en Antarctique avec les manchots empereurs."

Luc Jacquet, réalisateur (propos lus dans la revue Nat’images 84)



"Depuis le XVIIème siècle, nous avons pris l’habitude d’aménager les forêts en jolies rangées. Et après ça ? On coupe tout. Ok, nous sommes peut-être plus doués que le pic en matière d’élagage, mais nous sommes à des années-lumière d’être de bons gardiens d’écosystèmes complexes. Comme si on essayait de faire de la chirurgie à la tronçonneuse plutôt qu’avec un scalpel : un carnage. Et maintenant, la patiente, notre forêt bien aimée, est sur la table d’opération dans l’attente d’un miracle médical."

Ariane Lamasaude, documentariste  (propos lus dans la revue Nat’images 84)






(1) Je tiens à apporter un commentaire à ce sujet que j'ai pu constater de mes yeux. Cela faisait plusieurs années que je cherchais où voir des guêpiers d'Europe, mais je me heurtais toujours au silence des photographes que je rencontrais. Jusqu'à ce que l'un deux, après une longue discussion, me montre ses photos et me parle d'un endroit sur la Loire. Hors saison, j'ai dû attendre et j'ai rencontré un animateur d'une association nature, et qui lui aussi après s'être assuré que mes intentions étaient pures, m'a indiqué un endroit. Une fois sur place, j'ai compris le pourquoi de cette méfiance. Le premier lieu était déjà assailli de photographes, certains très désagréables. Il y avait une corde et un panneau expliquant la présence de nids dans la falaise et qu'il ne fallait donc pas s'approcher pour ne pas les ensevelir sous nos pas (une forte amende menaçait ceux qui franchiraient cette corde mais il n'y avait jamais personne pour l'appliquer). C'est là qu'un photographe plus gentil que les autres m'a dit ça, et m'a aussi expliqué la présence étrange d'un arbre mort dans l'eau, qui avait été coupé par des photographes pour faire un joli support pour les guêpiers. Ecœuré par le comportement général, je suis parti au deuxième endroit. Il n'y avait plus rien, à part une corde coupée et la falaise effondrée. L'année suivante, j'ai retenté ma chance, mais il y avait toujours autant de photographes. Une chose avait changé cependant. Plus de corde, plus de panneau, les gens au ras de la falaise, piétinant les nids qui se trouvaient en-dessous pour être le plus près possible pour prendre des photos. Un promeneur nous a insulté de loin, disant que tous les jours, c'était plein de photographes, qu'on ne pouvait pas foutre la paix à ces oiseaux... Je n'y suis jamais retourné. En racontant cette anecdote, je ne fais pas que le procès des photographes avides, mais d'un mode de vie en général, très bien expliqué dans certaines citations ci-dessus.