Le mâle est facilement reconnaissable à son ventre rouge orangé, son dos gris, son masque noir, sa queue rouge et son front blanc qui lui donnent son nom vernaculaire. La femelle est beaucoup plus terne avec un ventre roux assez pâle et la tête ainsi que le dos gris-marron. Les juvéniles ont une robe mouchetée propre aux muscicapidés pendant quelques semaines avant de fortement ressembler aux femelles. D'une manière générale, cette espèce est facile à reconnaître de loin grâce au tremblement compulsif de sa queue.
Le rouge-queue noir est la seule espèce qui se rapproche du rouge-queue à front blanc dans nos contrées, du moins pour la femelle. Les deux femelles ont toutes deux la queue rouge, mais la femelle front blanc a une robe bicolore à dominance roux-gris alors que la femelle rouge-queue noir est d'une couleur unie gris-noir. La différence entre les juvéniles de ces deux espèces est la même que pour les femelles adultes, mais la confusion peut facilement être faite avec le rouge-gorge juvénile. Tous deux sont très similaires de face, il faut donc repérer la queue rouge pour se faciliter la tâche.
C'est une espèce migratrice présente en Europe d'avril à septembre (variable selon les années) que l'on trouve dans les forêts, les milieux ouverts et les jardins. Elle est très discrète et s'entend plus qu'elle ne se voit, d'autant plus qu'elle est territoriale. Le meilleur moment pour l'observer se situe au début de la période de reproduction, lorsque les mâles se battent pour un territoire et qu'ils recherchent de potentiels endroits de nidification. A partir de mi-aôut jusqu'à fin septembre, avant de repartir vers leur aire d'hivernage, ils deviennent quasiment invisibles.
Principalement insectivore, il se tourne également vers de petits fruits à l'automne. Il déniche ses proies au sol, dans les haies et dans les arbres, et est même capable d'un court vol stationnaire pour capturer des insectes volants.
Le rouge-queue à front blanc est une espèce cavernicole. Début avril, les mâles sont les premiers de retour et partent à la recherche de lieux de nidification qu'ils présenteront un par un aux femelles. Il peut s'agir d'une vieille niche de pic, d'une fissure dans un mur, mais aussi d'un nichoir artificiel. La femelle y confectionnera pendant deux jours un nid en forme de coupe bien douillet fait de matériaux végétaux pour le gros oeuvre, avant de le garnir de poils et de plumes pour la finition. La semaine suivante, elle pondra 5 à 7 oeufs qu'elle couvera pendant environ deux semaines. Elle sortira peu et le mâle la ravitaillera en nourriture. Les deux parents s'occuperont de l'élevage des petits qui resteront au nid environ deux semaines, puis continueront à les nourrir encore deux semaines une fois sortis. Contrairement aux juvéniles de bien d'autres espèces de passereaux, ceux-ci sont les rois de la discrétion visuelle et auditive, et les parents sont également beaucoup plus difficiles à observer, si ce n'est le mâle qui continue de revendiquer le territoire tous les soirs, toujours sur les mêmes branches. Une fois les juvéniles indépendants, une deuxième nichée pourra commencer.
Observations personnelles : le va-et-vient du couple à la recherche du lieu idéal pour construire leur nid représente tout un spectacle. Le mâle rentre d'abord dans le premier abri repéré, incite la femelle à y pénétrer, puis en ressort pour l'attendre avant d'enchaîner avec les suivants. Le choix est rapide et souvent pris dès le premier jour. C'est là que j'ai pu constater que la femelle n'était vraiment pas difficile en inspectant minutieusement trois nichoirs pourtant très différents. Elle nichera dans deux d'entre eux, le troisième n'ayant pas survécu à un nid de frelons européens. Fait que je n'ai retrouvé nulle part ailleurs, en 2020 et 2023, le couple fera ses deux nichées dans le même nid. Ce nichoir étant posé très près de la maison, je pense que son grand succès n'est pas dû au hasard et que la présence humaine non invasive leur garantit une certaine sécurité.
Le rouge-queue à front blanc a connu une très forte augmentation d'effectif de 90,7% de 1979 à 2019 en France métropolitaine. Il est classé en préoccupation mineure sur les catégories de menace de la Liste Rouge nationale (UICN 2020).